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le pen - Page 2

  • Confessions intimes

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    J'ai fait un curieux rêve hier soir après avoir éteint la télé, feuilleté quelques pages d'un des cinq bouquins que je lis en alternance en ce moment, et m'être endormi sans effort. J'étais dans un vaste bureau en compagnie de Jean-Marie Le Pen. Il y avait un très beau Bouguereau accroché au mur. Tout indiquait dans ma posture, je me tenais assez raide sur une chaise, sur les genoux une serviette en cuir et sur l'oreille un crayon de bois, que j'avais été embauché comme secrétaire particulier par le Président du Front National. Pas depuis longtemps, parce que j'essayais de deviner en plissant les yeux les titres des bouquins dans les vitrines en attendant que le Président, penché sur une lettre, daigne m'adresser la parole.

    Je sais d'où vient ce rêve. Outre la confidence de Le Pen, l'autre jour, sur son manque de foi dans la construction européenne, j'ai retenu aussi qu'il s'apprête à écrire ses mémoires, pour régler des comptes personnels. Eh, eh, voilà qui est intéressant et qui nous change des bilans comptables et des estimations habituels. Déjà que je n'aime pas les chiffres, si en plus de ça ils sont bidonnés, je ne vois vraiment pas l'intérêt de se prendre la tête avec.

    Le Pen s'est raclé la gorge et m'a demandé quel titre je pouvais lui suggérer pour ses mémoires ? J'ai un peu bredouillé, vu que je m'attendais pas à cette question : « Pourquoi pas Les Confessions… comme saint Augustin et Jean-Jacques Rousseau ? »
    Il n'a pas eu l'air convaincu, ou alors c'est ma précision sur saint Augustin et J.-J. Rousseau qu'il a trouvée un peu impertinente ? J'ai essayé de me rattraper en disant que le coup de Rousseau, de faire planer la menace de révélations fracassantes et de ne publier ses mémoires qu'à titre posthume était génial, qu'il devait absolument l'imiter - qu'on pouvait même perfectionner l'idée…

    À ce moment-là, Marine est entrée en coup de vent, elle a traversé le bureau en trombe, elle a pris un dossier sur le bureau de son paternel, et elle est repartie aussi sec sans même m'accorder un regard… La suite du rêve m'échappe. La seule chose dont je sois sûr, c'est que ça se terminait pas en cauchemar.

  • Campagne profonde (2)

    Le piment de Le Pen, c'est qu'il chahute l'"establishment". La partie de tennis démocratique qui se joue, si Le Pen n'était pas là pour ruer dans les plates-bandes et chiper la balle de temps en temps, serait d'un ennui mortel ! Ou alors il faudrait deux femmes, et non pas une seule, qui se crêperaient le chignon sans retenue sous nos yeux.

    L'ennui mortel, en revanche, est typique de la littérature démocrate-chrétienne, de Paul Bourget (qu'on réédite !) à Éric-Emmanuel Schmitt ; en toute logique les démocrates-chrétiens haïssent donc Le Pen - du bout des lèvres, comme tout ce qu'ils font. S'ils n'avaient pas enterré le diable, ils penseraient : « Ce Le Pen est diabolique ! ».

    Aussi le spectacle de la métamorphose de Bayrou - qui essaie de "s'hybrider" pour les besoins de son élection -, est-il assez étrange. Il peine à trouver son style. Appliquer la recette de Le Pen ne suffit pas, encore faut-il avoir le tournemain… On dirait que Bayrou drague un type d'électeur qui n'existe pas, un électeur théorique (En dehors de fournir un nouveau sujet de conversation aux journalistes, je lui vois un autre point commun avec Chevènement, à Bayrou : un orgueil disproportionné.)
    Bon, mais j'ai du mal à rester concentré plus de deux minutes sur ce que dit Bayrou ; qu'il soit dans son costard de démocrate-chrétien ou dans son nouveau déguisement de Zorro, il me fait bâiller.

    Retour, donc, à Le Pen, tangent à l'hémicycle, pour reprendre une des ces comparaisons géométriques que les philosophes affectionnent tant. Il m'a fait sursauter l'autre jour lorsqu'il a avoué qu'il avait perdu sa foi dans l'Europe après être allé reconstruire des digues effondrées sur la côte hollandaise, lorsqu'il était encore étudiant. Il aurait de ce jour-là compris que le désir d'un destin commun n'existait pas dans la tête des citoyens des différentes nations européennes… En voilà une triste idée ! Aller chercher le sentiment européen en Hollande, primo, ça n'a pas de sens, les Bataves ont toujours combattu tout ce qui est latin, à l'exception de la monnaie latine.
    Deuxio, Le Pen a une curieuse conception de l'Histoire s'il croit qu'elle ne peut pas se passer des desideratas du peuple. Qui peut dire ce que désire le peuple ? Lui-même ne le sait pas.
    S'il avait fallu attendre le désir des Bretons d'être Français, les Bretons en seraient encore à échanger des fables dans leur dialecte et Le Pen ne saurait pas se servir de La Fontaine pour railler ses adversaires. Finalement il n'y a pas que Bayrou qui soit hybride.

    Je crains que ce sentiment de Le Pen, qui existait aussi chez Mitterrand et chez Chirac, ne trahisse en fait le vieux préjugé persistant des Français vis-à-vis des Allemands, entretenu par la République française depuis plus d'un siècle. Qui sait si dans quelques lustres, à cause de notre orgueil et de notre philosophie, nous ne serons pas obligés d'accepter de nouveau sans discuter toutes les conditions que l'Allemagne, réformée, nous dictera ?

  • La Madone du Planning

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    Jusqu'à la voir, j'imaginais Caroline Fourest en bonne femme acariâtre, desséchée comme ses idées. Elle devait forcément être atteinte de frigidité.

    Quand je la vis pour la première fois, non pas en vrai mais à la télé, ce fut une révélation ! Tout d'un coup je compris pourquoi le microcosme médiatique bruissait du nom croustillant de Caroline Fourest. Car si cette gonzesse n'apporte rien de neuf aux vieilles idées malthusiennes et féministes cent fois récusées par la science mais sacrément coriaces - en revanche sa télégénie frappe d'emblée. Ainsi le secret de sa rhétorique était là !

    "La Madone du Planning", c'est pour faire un jeu de mot : en réalité la comparaison avec Jeanne d'Arc s'impose. Caroline Fourest s'habille en mec et on lit dans ses yeux clairs la détermination d'une nana affranchie. S'ils ne manquaient pas désespérément d'imagination, les fiers pédés de la "Gay pride" devraient la faire défiler en tête de leur carnaval, déguisée en Jeanne d'Arc, à califourchon sur une jument rose (ou verte). Elle serait parfaite dans le rôle.

    Pas question d'apparition divine pour Caroline, bien sûr, en revanche je me suis laissé dire que le diable lui est apparu une fois en songe : grand, blond, avec un œil de verre. De sa voix caverneuse, il faisait capoter les idéaux d'égalité des sexes et de fraternité au plumard ; comme dans les dessins de Cabu, il portait des bottes allemandes bien cirées et piétinait la liberté d'avorter, crrritch, avec une impavidité tout bonnement effrayante !
    Des diablotins portant qui des mitres, qui des képis, l'escortaient, agitant des sonnettes de curé, des crécelles, faisant un vacarme de tous les dieux monothéistes, à faire abjurer la saine laïcité à un instituteur de la FEN !!
    Et Caroline se réveillait, car elle ne croit pas aux apparitions, en nage : inquiète, à peine vêtue d'un blouson de cuir, prête à en découdre, elle se rendait sans plus attendre à l'Assemblée nationale pour l'avertir du danger et lui apporter son aide. Là Jean-Louis Debré lui remettait le "Prix du Livre politique" et la confortait dans son courageux combat à venir contre la calotte et le bandeau noir de Le Pen, le pirate de la politique française.

    Je suis convaincu que les petites fantassines des plannings de France doivent lui emboîter le pas, à Caroline, sans se poser de questions, avec une ferveur toute religieuse, et que leur combat est complètement fanatique et désintéressé.